16 avril 2012

08 avril 2012

Le jeu de l'oie.



Pourquoi me tournez-vous donc autour ?
J'ai certes desserré mes serres
Etant perdue, ayant perdu
Mais écartez-vous, vautours
Je ne suis pas encore charogne
Malgré ces vers qui rongent ma cervelle et ma chair.

Le corbeau perché là-haut est mon ami
Même s'il a vaincu la colombe à midi.

Vous autres n'êtes que des têtes de linottes
Des buses qui se prétendent des aigles
Toujours en quête de conquêtes
Et piquant droit vers leur proie, qui leur échappera
Si elle s'avère être moi.

Toi, pigeon imbécile, qui picore les miettes que je laisse
Toi, rossignol insipide, qui me chante la belle vie que je fuis
Toi, pic-vert entêté, qui me martèle la tête et m’harcèle
Toi, paon arrogant, qui déballe sans cesse ta misérable roue 
Ne me couvez donc pas trop : je prends un envol nocturne 
Je suis chouette, vous demeurez diurnes.

D'ailleurs voyez là notre nid d'amour :
Il m'appelait "poulette" je l'appelais "poussin"
"Arrête de glousser", qu'il s'enchantait
"Poule mouillée" qu'il me reprochait,
Et nous batifolions jusqu'au matin.

Mais tu n'as fait que me déplumer
Quelle lassitude nous assaille à compter ces plumes jetées !
M'aimes-tu un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, 
- Pas du tout ?

La vérité ne se cache pas derrière les belles paroles
Je l'ai trop vite constaté
Perroquet, tes mots creux ont décoloré ton plumage.

Bête comme une oie, tu crois ? 
Mais la bête, c'est toi !
Même si tu retournes à la case départ, à ce jeu de l'oie
Tandis que je tombe dans le puits, encore une fois.

Je t'attends, belle hirondelle
Prends-moi sur tes ailes
Garde-moi sous ton aile
Et migrons ensemble vers un éternel printemps.