02 juin 2011

Je ne fais que brouillonner.

     En ce jeudi soir de vacances, ayant fait le tour de toutes les publications dérisoires affichées sur Facebook et n'ayant pas le courage de regarder un film ni même d'entreprendre une nouvelle lecture, je laisse mes mains et mes yeux se balader sur ce qui me sert de bureau. 

Quoique "bureau" est un grand mot ! Disons plutôt que ça n'est qu'une construction de bois médiocre et de couleur jaunâtre qui a toutefois survécu à plus de quinze années d'existence. Étroite à en rendre mes jambes claustrophobes, elle est recouverte de jolis gribouillis remontant à la perte de ma dernière dent de lait et d'autocollants qui n'ont su être arrachés avec soin, laissant apparaître des couches de colle noircie. 
Le seul avantage de ce meuble est qu'il possède des tiroirs (si, je vous le jure !).
            
     Aussi, ne sais-je vraiment pourquoi, je jette rarement les feuilles. Je me retrouve par conséquent avec des kilos de paperasses entassés dans des tiroirs étroits. 
Voilà donc quatre mines à fouiller pour y dénicher des dessins inachevés, des lettres non envoyées, des copies doubles/à petits carreaux/à bordures multicolores, des feuilles blanches, des factures, des enveloppes, des autocollants, des stylos, des cartouches, des tickets, de la monnaie, des cartes, des photos, des prospectus, des cahiers... 

     Mais ce qui prend le plus de place, c'est assurément tout ce que je n'ai pas fini - c'est-à-dire pratiquement tout ce que j'entreprends - et qui demeurent donc des  brouillons.
Indeed, je me suis rendue compte que j'avais beaucoup trop de brouillons, moi qui n'aime pas les brouillons. 

Mais je suis une brouillonneuse malgré moi

     Par exemple, je n'ai jamais réussi à faire de fiches de toute ma vie. Généralement, lorsque viennent à germer les examens, jaillissent bientôt des fiches de partout, de toutes les couleurs, de tout format, et toutes aussi attrayantes les unes que les autres !

     Un peu mal à l'aise devant cette frénésie conférant à la fiche un caractère studieux brandi à tout va sous le nez des non-adepts du mouvement, je me vois tout de même convaincue lorsqu'un détenteur, plutôt fier, me montre les siennes. 
Je m'exclame alors : "C'est merveilleux ! Il faut ABSOLUMENT que j'en fasse ! Elles seront d'ailleurs si belles que je les accrocherai aux murs ! Bon plan !"

     Sauf que je tends à oublier que j'ai déjà essayé moult fois de faire ces satanées fiches, en vain
Je suis incapable d'en accomplir plus de deux. Deux qui me prennent, disons 2 heures (c'est proportionnel). Mais à la moindre rature, boucle mal calligraphiée, couleur de titre non respectée, points inversés, c'est la catastrophe : je sens la détresse et l'exaspération m'emparer, et finalement je me rassure en pensant : "Non mais si je continue à faire des fiches, je ne suis pas sortie de l'auberge ! Autant lire son cours trois fois. Puis du coup, je ne gaspille ni encre ni feuilles. Et les autres blaireaux qui sont encore sur leurs fiches, ha ha !". (En réalité il est possible de traduire le tout par un vocabulaire plus concis, du genre : "Bordel-de-meeeerde ! "

     Après, le truc c'est que je ne lis pas non plus mon cours, comme prévu. Enfin, si, bien sûr, mais disons pas assez tôt - donc laissons tomber les trois lectures, une fois c'est déjà bien.

C'est vrai qu'il existe des brouillons propres, mais j'en suis incapable. Autant j'adore écrire, autant parfois j'ai une réelle répugnance à le faire.

     Amateurs de graphologie, vous pourriez peut-être déceler en moi un Jackyll et Mister Hyde en comparant mes brouillons à mes non-brouillons ?

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